
Depuis la fin du procès en décembre 2024, la relation entre la mère et sa fille s’est détériorée. Le seul condamné ayant fait appel est rejugé à compter de ce lundi 6 octobre.
JUSTICE – Près d’un an après son retentissement mondial, l’affaire dite des « viols de Mazan » revient sur le devant de la scène. Le seul condamné ayant fait appel – sur les 51 hommes reconnus coupables lors du procès de première instance – est rejugé à partir de ce lundi 6 octobre à Nîmes, en présence de Gisèle Pelicot.
Depuis cette décision, la relation entre Gisèle Pelicot, et la fille du couple, Caroline Darian, s’est progressivement détériorée. Avant le procès, la quadragénaire avait pris fait et cause pour sa mère, alertant notamment sur la soumission chimique par le biais d’une association créée en 2023.
Peu après le jugement de décembre 2024, celle-ci défend encore ardemment sa mère après cette épreuve. « Dans mes yeux à moi, c’est une héroïne des temps modernes […]. Elle a été capable de venir tous les jours lors du procès pour affronter ces crimes odieux en direct via les vidéos diffusées […]. Je ne connais pas beaucoup de femmes qui auraient été capables de l’assumer », confie ainsi Caroline Darian le 20 janvier sur le plateau du 20 heures de France 2.
Les accusations contre son père
Malgré tout, un point d’achoppement né durant le procès a assombri la relation mère-fille. Lors de l’audience, Caroline Darian a en effet affirmé que Dominique Pelicot a abusé d’elle – ce qu’il nie –, s’appuyant sur deux photos d’elle retrouvées dans l’ordinateur de son père. On l’y voit notamment allongée sur un lit, dans des sous-vêtements qu’elle ne reconnaît pas. Interrogée sur ce point au tribunal à deux reprises, Gisèle Pelicot avait botté en touche.
Un mutisme incompréhensible dénoncé par Caroline Darian dans un livre paru le 5 mars, Pour que l’on se souvienne. Pour elle, ce moment précis au tribunal fut un « abandon terrible ». « Son silence en dit long […]. Ma mère ne veut pas me croire ni m’entendre […]. C’est un tel désaveu que je dois quitter l’audience. Mon frère David, lui aussi très blessé, se lève avec moi », écrit-elle. Avant d’ajouter : « J’étais sa seule fille, elle ne pouvait pas me lâcher la main, et surtout dans cette cour. Mais force est de constater que c’est bien le cas. »
Au fil des interviews qu’elle donnera durant l’année 2025, Caroline Darian va alterner entre le chaud et le froid à propos de sa mère. Le 13 mars par exemple, sur BFMTV, elle explique avoir attendu la fin du procès pour porter plainte contre son père « par respect pour (s)a mère, parce que c’était son moment ». « Je suis fière de ce que ma mère a fait durant ce procès », n’oublie-t-elle pas de rajouter.
Mais seulement une dizaine de jours plus tard, dans l’émission Clique sur Canal+, elle confie ne plus avoir prononcé le mot « maman » depuis un petit moment. Pourquoi ? « Parce qu’il faut que j’avance, et elle aussi. Voilà, elle a décidé d’avancer seule. Donc elle avance seule », répond-elle à Mouloud Achour. « Elle reste ma mère, bien sûr, mais on ne se parle plus tellement, c’est compliqué », confie-t-elle ensuite, tout en réaffirmant avoir « un immense respect » pour sa mère.
Gisèle Pelicot sortira un livre en 2026
Fin mai, la relation mère-fille n’existe quasiment plus. Lors d’un festival de littérature, Caroline Darian confirme qu’elle ne parle plus à sa mère, rapporte The Guardian. La cause principale reste toujours la même : l’absence de soutien dans son combat pour faire reconnaître les abus sexuels qu’elle dénonce de la part de son père.
Mais là encore, l’ambivalence revient, toujours. Si la fille affirme que cela constitue pour elle un « point de non-retour », elle se montre dans le même temps compréhensive. Caroline Darian estime en effet qu’il serait « assez difficile » pour sa mère d’accepter que son enfant a été victime d’abus. « Je pense que ma mère est incapable de le reconnaître parce que sinon, je crois qu’elle meurt », avance-t-elle alors, évoquant pour la septuagénaire une « façon de se protéger ».
Dans une interview donnée fin août au journal britannique The Telegraph, la rupture semble cette fois bien consommée. « Elle était la seule qui aurait pu le convaincre [Dominique Pelicot] d’avouer. Mais elle a choisi de garder le silence. Je ne pourrai jamais le lui pardonner », s’émeut-elle, ne digérant pas que sa mère ait rendu visite à son père en prison cet été : « Si c’est ce qu’elle veut pour tourner la page, qu’elle le fasse. Je respecte ses choix. Mais pour moi, c’est fini. »
Durant tout ce temps, Gisèle Pelicot est pour sa part restée en dehors de la scène médiatique, ne livrant aucune interview depuis la fin du procès. Sa seule prise de parole programmée prend pour l’instant la forme d’un livre, Et la joie de vivre (Flammarion), qui sortira le 17 février 2026 dans vingt pays.